Filet de codesign sur lit d’outils agrémenté de sa vinaigrette à l’intuition

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Filet de codesign sur lit d’outils agrémenté de sa vinaigrette à l’intuition

29/11/2017

CodesignCurator

DipCo

Outil ou intuition ? Oui !Ma grand-mère venait d’une région appelée Emilia, en Italie. Le nom de la région ne vous dira peut-être rien, mais vous connaissez surement sa spécialité : les raviolis.Je me souviens très bien quand, môme, je la regardais tirer la pâte, la remplir de farce magique et le plier avec la douceur et la précision des grand-mères italiennes en cuisine :« Nonna, combien de farine pour faire 500 gr de raviolis ? »« Bah, tu mets 5 bonnes poignées, tu rajoutes de l’eau et du sel, et des jaunes d’œufs. »« Oui, mais combien de jaunes d’œuf ? »« Regarde la couleur de la pâte des raviolis, il faut qu’elle soit d’un jaune bien chaud, presque orangé. »Alors quel casse-tête pour moi, quand je suis arrivé en France : j’ai allumé la télé et j’ai vu Cyril Lignac qui contrôlait la cuisson de la viande à l’aide d’un thermomètre pour qu’elle ne dépasse jamais les 76 degrés Celsius et qui se demandait si le brin ciboulette devait être dirigé vers la droite ou vers la gauche.Alors, pour préparer la recette en objet, je vous donne quelques ingrédients, et après à vous de jouer !----------------------------------------------------Filet de codesign sur lit d’outils agrémenté de sa vinaigrette à l’intuitionRecette pour 7 participants + ou - 2Préparer sur votre plan de travail les outils qui servent à la création d’une session, y compris ceux que vous avez créés. Vérifier avant de commencer d’avoir prévu un brin d’ambition, une feuille de quête, et une gousse de tension. Versez dans des bocaux transparents les différents maîtres que vous avez sûrement croisé sur votre voyage du héros, et surtout n’oubliez pas le sachet de confiance et une pincée d’intuition. Avant de commencer, vérifier l’appétit de vos clients…

Je me souviens de la première fois où j’ai cuisiné cette recette, pour une équipe d’un pays du Moyen-Orient. Le Manager Sponsor de l’équipe m’appelle car il y a « trop d’hommes dans mon équipe», « trop de testostérone », « on ne s’écoute pas », « il faut qu’on réorganise nos réunions car c’est le bazar ».Très bien, je prépare tous mes outils et la session démarre sur les talents de chacun, il faut bien d’abord donner de la reconnaissance ! Le Jour 1 s’achève dans le bonheur. Le Jour 2 je décide de proposer un outil qui permet de comprendre les préférences en termes de communication et d’interaction des membres de l’équipe. Je débriefe chaque membre et je montre les préférences de l’équipe.Je suis fier de moi, les slides montrent très clairement que l’équipe est (presque entièrement) focalisée sur la tâche, la vitesse, la prise de décision rapide, une préférence pour l’expression orale, la compétitivité. Bref, tout ce que le Manager reproche à son équipe.Les slides défilent dans le silence, tous mes outils pour démanteler la cuirasse de l’équipe sont alignés et chargés derrière. J’attends juste un mot de la part du Manager Sponsor, car au Moyen-Orient il sera sûrement le premier à parler et les autres s’aligneront sur son point de vue.Finalement il se décide : « c’est génial, cette équipe a exactement toutes les qualités qui lui sont nécessaires ! ».On entend en même temps les mains des participants qui applaudissent et le bruit de ma mâchoire qui se fracasse par terre.Ma grand-mère vient au secours. Je regarde le Manager, je prends mon intuition (et mon courage) à 4 mains, et je décide de lui expliquer comment préparer la pâte des raviolis : « Trèèèès bien, vu que l’équipe a tout ce dont elle a besoin, je vous propose maintenant de travailler sur notre deuxième objectif de coaching : la redéfinition des réunions d’équipe. Vous avez 2 heures pour en discuter, prendre des décisions communes, co-créer un nouveau plan ».L’exercice n’a duré que 20 minutes, quand j’ai dû les arrêter car le volume et l’énervement dans la salle couvraient toutes les bonnes intentions. Pour après repartir avec mes outils et ma légitimité.

Restitution proposée par Alessandro Attanelli, participant du Diplôme Universitaire Codesign.Merci à Catherine Foliot et à Chloé Renault pour leur intervention et facilitation, et pour m’avoir permis de recontacter ce souvenir et tous les ingrédients qui permettent d’être un heureux codesigner.Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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