On ne se marge pas sur les les pieds !

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On ne se marge pas sur les les pieds !

23/11/2016

CodesignCurator

DipCo

Distances et coopération : point de vue singulier et par définition incomplet sur le collectif Codesign-it !Accueil sans conditionUn soir de novembre, au quatrième étage du 6 bis rue du 4 Septembre, la porte m’a été ouverte. La porte est toujours ouverte chez Codesign-it!, l’accueil y est sans condition. Pas de filtrage. La confiance est absolue, donnée à chaque membre qui a la liberté d’y inviter qui il souhaite. Magnifique entrée en matière, magnifique inversion des codes et des habitudes des organisations. Ici le cœur bat différemment. Le moteur est celui de l’inclusion, de l’intégration immédiate. C’est l’expérience des projets qui fera sceller ou dévier les liens, et dans le meilleur des cas les transformer. Le pari est de mélanger les compétences, les origines, les références professionnelles, pour faire que chacun se transforme en se frottant aux autres, et créer du nouveau, renouveler les métiers de facilitation, viser l’avant-garde.Hyper-présenceChez Codesign-it!, on ne travaille pas tout le temps et tous les jours avec les mêmes. Il y a d’abord les membres et les résidents. Les résidents sont l’anti-chambre des membres pourrait-on dire, une zone d’apprentissage mutuel avant de devenir - ou pas - membre. Un membre a des de droits et des devoirs au regard du collectif – notamment la contribution à la gouvernance collective, mais également à tous les travaux communs : lieu physique, lieux virtuels, rayonnement du collectif … pas de répartition des taches, le soin est donné à chacun qui le porte – ou pas. Chacun – membre et résident – a sa propre entreprise, et on décide de labelliser sous la marque Codesign-it ! un projet dont on est fier : parce qu’il est innovant, à l’avant-garde, qu’il est un laboratoire, que sa taille est particulièrement importante, …. Ainsi, travailler ensemble est toujours un choix. Ce choix se renouvèle tous les jours. Rien n’est inscrit pour le futur. Tout se joue dans le présent. Rien ne dit que nous serons ensemble demain. Cette hyper-prégnance du présent rend les relations intenses, voir festives.La coopération au cœurLa fidélité au collectif devient une pratique subtile faite d’échanges au sein desquels personne n’est quitte : on apporte au collectif des projets, des compétences, de l’originalité, de l’énergie, de la visibilité …. ; on y « prend » la participation à des projets passionnants, on bénéficie de l’aura et de l’expérience de certains pour gagner la confiance de clients … cette comptabilité – jamais comptée – sculpte la coopération, fait que certains contribuent beaucoup, d’autres beaucoup moins, voire ne font que prendre. Dans ce système, tout le monde est en dette vis-à-vis des autres, et c’est l’acceptation de cette dette qui nourrit la contribution sans fin. Pas de super-pouvoir. Une inter-dépendance plutôt acceptée, « plutôt » car chez Codesign-it!, il n’y a pas de dogme. C’est la combinaison d’intentions et d’actions qui rythme la vie. Il y a un coté sauvage chez Codesign-it! Les règles ne sont pas écrites, mais elles existent. On sait aussi montrer des dents. On veille chez Codesign-it!. On veille à ce bijou qu’est ce collectif tant fragile que puissant.« On ne se marge pas sur les pieds » : distance et coopérationAu 6 bis, les murs de la cuisine sont remplis d’inscriptions, de schémas explicatifs de choix de design pour des sessions collaboratives, mais également de citations, de phrases slogans dont l’une a retenu particulièrement mon attention : « On ne se marge pas sur les pieds ».

onnesemargepassurlespieds

Quelle belle dérivation, quel beau « hacking » d’expression, qui, je le crois, en dit beaucoup sur la singularité du collectif Codesign-it! Car cela parle de la distance nécessaire à faire qu’un collectif puisse fonctionner, et cela parle aussi de l’abandon de la pyramide : il n’y a plus de marge faite sur les uns et les autres, marges sur lesquelles repose le business model des entreprises de conseil, de facilitation et de formation. Pas de marge, mais de l’association.On ne se marche pas sur les pieds, c’est-à-dire que l’on respecte la distance – ou l’espace – suffisant pour faire que chacun ait une place, ou trouve sa place. C’est dans cet « entre d’eux », cet espace, cette antre que la création peut s’opérer.Catherine Foliot, Codesign-it!